Remettre en question notre style parental bienveillant

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Est-ce que je suis une maman bienveillante seulement en réaction à l’éducation que j’ai reçue de mes parents? C’est une question que je me suis posée à plusieurs reprises pour m’éviter de tomber aveuglément dans un autre cercle vicieux que celui de la négligence émotionnelle.

Est-ce qu’au niveau de l’éducation de mes enfants je fais le contraire de ce que mes parents ont fait pour prouver que je suis meilleur? Pour continuer de me rebeller? Peut-être parce que j’ai trop souffert et je ne veux pas que ça arrive à mes enfants et que la solution évidente et facile est de faire le contraire?

Justement, je ne voulais pas juste faire le contraire de l’éducation que j’ai reçu, parce que je voulais le bien réel de mes enfants. Je voulais leur offrir la sécurité affective à travers un lien d’attachement solide pour favoriser l’estime de soi pour toute leur vie.

Observateur

J’ai toujours senti en moi une septique, une observatrice de ce que je fais avec mes enfants évaluant le processus de réflexion derrière la plupart de mes choix. Cette partie de moi est importante parce qu’elle me permet de me remettre en question

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Croire totalement que ce que je fais est ce qu’il y a de mieux pour mes enfants c’est fermer la porte sur ce que vivent mes enfants dans notre relation en ignorant leurs besoins réels. Fermer cette porte est ce qui nous empêche de connaitre ce que les enfants vivent et nous empêche d’apporter les changements nécessaires pour que leur expérience dans la relation soit réellement favorable à la maturation de leur intelligence émotionnelle.

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Sans cette porte, on est rigide, nos choix sont des vérités qu’on place au-dessus du bienêtre de nos enfants. Ces vérités sont centrées sur nous et non sur les enfants. Elles servent à répondre à nos besoins et à nos peurs. Comme le besoin d’être une bonne mère et la peur de faire une erreur avec ce qu’on a de plus précieux au monde, nos enfants.

La septique en moi me permet de m’éloigner de la rigidité de croire que moi seul aie la vérité et de choisir la flexibilité d’adapter ma vision en accord avec le bienêtre de ma famille.

Trop brisé

Malheureusement souvent la souffrance vécue dans l’enfance est tellement forte pour certaines personnes que la connexion avec leur coeur est brisé et rend impossible d’être à l’écoute de l’enfant et de répondre à ses besoins émotionnels. La compassion n’est pas possible, celle envers l’enfant et celle envers soi-même. 

Il faut s’être senti aimé inconditionnellement pour s’aimer et vivre la compassion nécessaire pour que nos enfants se sentent aimés.

Quand on dit qu’on doit s’aimer pour aimer les autres, je dis qu’il faut s’être senti aimé inconditionnellement pour s’aimer et vivre la compassion nécessaire pour que nos enfants se sentent aimés.

Quand on ne s’est pas senti aimé, notre manque de sécurité émotive fait en sorte que notre zone de confort est très petite. On est incapable de sortir de cette zone de confort et essayer quelque chose de nouveau, et je ne parle pas seulement de nouvelles activités, mais aussi de la capacité à se remettre en question. On a besoin de croire que nos croyances sont absolues. Que notre façon de voir la vie et les enfants est la seule et unique valable. Qu’on détient la vérité et que tous les autres sont dans l’erreur. Cette façon de penser est créée par l’autorité parentale et renforcée excessivement par des années de fréquentation scolaire à donner quotidiennement la bonne réponse au professeur.

Avoir la bonne réponse nous fait sentir en sécurité.


Guérir

La santé émotionnelle de mes enfants était la priorité et pour y arriver je devais me refaire une santé émotionnelle. Je voulais éviter de ne pas répondre aux besoins émotionnels de mes enfants parce que je suis encore possédé par les fantômes de mon enfance. 

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J’ai travaillé très fort (mon outil préfère est le EFT) pour guérir les blessures de mon enfance. Ce qui me permet d’être plus disponible et à l’écoute réelle des besoins de mes enfants avec compassion plutôt qu’être occupé à me battre avec mes propres démons.

Quand on n’a pas besoin de guérir les blessures de notre enfance, on est plus disponible dans la relation avec nos enfants.

Les blessures que j’ai me servent à vivre plus de compassion envers mes enfants parce que je me souviens de la souffrance que j’ai vécu quand on ignorait mes besoins émotifs. Ça me motive à travailler très fort pour leur éviter des blessures émotives dans notre relation. Ce qui ne veut pas dire que ça n’arrive pas. 

Je m’assure que mes choix bienveillants ne sont pas seulement en réaction à l’éducation que j’ai reçue. Ça serait de continuer le cercle vicieux de la négligence émotionnelle que de répondre à mon besoin de faire l’opposé de mes parents au détriment du bienêtre émotionnel de mes enfants. Répondre à mon besoin de faire l’opposé de mes parents est une motivation très différente que de vouloir favoriser une bonne estime de soi pour que mes enfants puissent réaliser leurs rêves et s’épanouir librement sans les blessures émotionnelles les empêchant de croire en soi et de se sentir aimables.

Julie xo