Ne pas montrer aux enfants à faire des efforts

Je me souviens combien mon chum, le père de mes enfants, avait de la misère avec la croyance que si on n’oblige pas les enfants à faire des efforts, ils ne vont jamais en faire plus tard. Qu’on doit leur enseigner et les obliger à faire des efforts pour qu’ils en fassent plus tard. J’ai grandi avec cette croyance moi aussi et comme j’avais des valeurs de bienveillance et de confiance, j’ai choisi de remettre en question cette croyance en l’examinant sous toutes ses coutures.  #introspectionjunkie

Remettre en question nos croyances

Je me suis demandée: si on ne montre pas aux enfants à faire des efforts, est-ce qu’ils vont nécessairement ne pas en faire plus tard? Est-ce possible de faire des efforts quand on ne nous a pas enseigné à le faire? Je suis éventuellement arrivée à cette question: c’est quoi cette histoire de faire des efforts pour commencer?

Faire des efforts est valorisé dans notre société. On le perçoit comme étant le véhicule vers la réussite et l’accomplissement. Normal comme parents de vouloir s’assurer que nos enfants possèdent ce trait de caractère/capacité. Moi aussi je veux que mes enfants s’accomplissent. Je me suis demandée, est-ce qu’une vie à faire des efforts pour réussir est une vie heureuse? Est-ce que c’est une belle vie de constamment faire des efforts dans l’espoir d’atteindre quelque chose qui peut sembler constamment hors de notre portée? C’est ce que j’ai vécu et ça ne m’a pas rendu heureuse.

Dans son livre Becoming Michelle, Michelle Obama relate cette période académique de sa vie où elle se poussait à l'excellence comme étant le reflet de son manque d'estime de soi.

Est-ce que c’est notre manque de confiance en soi qui nous pousse à faire des efforts? Je sentais que j’étais sur une bonne piste en examinant mon propre vécu de personne ayant vécu longtemps avec une confiance en moi déficiente.

Je me suis alors demandée: est-ce qu’on a besoin de se prouver en faisant des efforts quand on a une saine estime de soi et une bonne confiance en soi? Je ne pouvais pas répondre à cette question, mais j’avais l’intuition qu’on a beaucoup moins besoin de prouver qu’on est capable quand on sent qu’on est capable.

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Logiquement, la prochaine question a été: pourquoi faire des efforts?

  • Pour prouver aux autres qu’on est capable.

  • Parce que c’est ce qu’il faut faire (quand il y a le mot « doit » dans une phrase, c’est mon signal qu’il faut réfléchir à ma motivation. Je ne veux pas faire ce que je devrais faire, mais ce que je choisis de faire. Grosse différence!)

  • Pour se prouver qu’on est capable.

  • Pour atteindre nos objectifs.

Est-ce que ça peut-être positif de prouver qu’on capable? N’est-ce pas le mécanisme qui fait en sorte qu’on construit notre confiance en soi?

La différence qui me saute aux yeux est la suivante, se prouver à soi et aux autres n’a pas la même énergie, ce n’est pas la même motivation. Peut-être qu’on peut sainement se prouver à soi qu’on est capable sans que la motivation soit la peur qui nous vient du manque de confiance en soi. C’est ce que je fais en écrivant ce blogue. Je me prouve que je suis capable tout en faisant des efforts pour atteindre mes objectifs. Ce n’est pas la peur ma plus grande motivation, mais l’envie de créer quelque chose qui me plait. La plupart du temps je vis du plaisir en jouant avec les mots, avec les images et en connectant avec des mamans bienveillantes.

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Poser des questions

Au moment où j’écris ce texte, Benjamin est assis à côté de moi sur le divan. C’est une belle occasion de lui poser des questions sur le sujet. Je lui ai demandé, quand tu travailles sur un projet personnel de programmation, sens-tu que tu fais des efforts? Il me répond que non parce qu’il aime ce qu’il fait. Avec cette réponse, je me demande s’il fait des choses faciles dans ses projets ou s’il investit de l’énergie et du temps comme ce qu’on s’attend d’une personne qui fait des efforts. Sans avoir besoin de verbaliser ma question, il me dit qu’il passe beaucoup de temps à faire de la recherche et à apprendre de nouvelles choses pour ses projets personnels. Donc, il fait ce qu’on considère des efforts dans ses projets personnels.

Mais qu’en est-il du cégep?

Je lui demande, “Est-ce que tu considères que tu fais des efforts au cégep?”

“Oui.”

“C’est positif de faire des efforts?”

“Euh...moui.”

“Pourquoi?”

“Euh…”

Léo en 2018 recevant la Bourse Persévérance du Centre d'éducation des adultes des Navigateurs.

Léo en 2018 recevant la Bourse Persévérance du Centre d'éducation des adultes des Navigateurs.

Il fait un bruit qui me laisse savoir que je le gosse avec cette question. J’en tire la conclusion qu’il est beaucoup moins éloquent lorsque je lui pose des questions en lien avec le cégep que quand ça concerne ses projets personnels.

Léo me répond la même chose que son frère quand je lui demande s’il fait des efforts dans ses projets personnels, “non”. Lui aussi perçoit faire des efforts au Cégep. On continue à jaser et je comprends avec ses réponses que c’est son choix d’aller au cégep et sa motivation est clairement d’atteindre ses objectifs plutôt que pour prouver qu’il est capable.

Je tire la conclusion que lorsqu’on fait quelque chose qu’on aime, on investit du temps et de l’énergie facilement. On nourrit nos intérêts et on apprend. Lorsqu’on fait quelque chose qu’on n’aime pas ou moins, on fait des efforts. On se met de la pression. 

Sentir de la pression est le signe qu’on n’aime pas ou peu ce qu’on fait. Comme un radar, cette sensation peut nous guider vers quelque chose de plus satisfaisant.

En ayant eu autant de temps libre dans leur enfance et dans leur adolescence, ça a fait en sorte que Benjamin et Léo savent comment ils se sentent quand un projet les allume. Ils savent ce qui les passionne et ce qui a le potentiel de les intéresser pendant qu’ils font une nouvelle activité ou expérimentent quelque chose de nouveau. Ils ont cette connexion avec leurs ressentis, cette clarté qui comme un radar les guide vers une plus grande satisfaction et ultimement, un quotidien qui les rend heureux.

C’est important de savoir quels sont nos intérêts. Ça nous permet de choisir un métier qui nous apporte du plaisir. Je souhaite pour mes enfants qu’ils exercent un métier où ils se réalisent en faisant quelque chose qui les passionne. J’aimerais qu’ils vivent au quotidien plus de plaisir que de pression et plus de passion que d’efforts. Ce qui est important quand on veut être heureux.

Mes enfants sont pour moi la preuve que même si on ne montre pas aux enfants à faire des efforts, ils démontrent la capacité à le faire. Ils font des efforts d’une façon saine, c’est-à-dire pour l’atteinte de leurs objectifs. 

Julie xo